الثلاثاء، 14 فبراير 2017

«Il faut s’attendre à un durcissement de l’octroi des licences»

- Alors que les recettes du pays ont été divisées par deux en raison de la crise pétrolière, la facture d’importation continue à être faramineuse. Comment analysez-vous cet état de fait ? Depuis maintenant 2015, la balance commerciale de l’Algérie est déficitaire. Le déficit est même lourd en 2016 puisqu’il a atteint 17,84 milliards de dollars...
- Alors que les recettes du pays ont été divisées par deux en raison de la crise pétrolière, la facture d’importation continue à être faramineuse. Comment analysez-vous cet état de fait ? Depuis maintenant 2015, la balance commerciale de l’Algérie est déficitaire. Le déficit est même lourd en 2016 puisqu’il a atteint 17,84 milliards de dollars d’après les statistiques de la douane. Le taux de couverture qui est le ratio qui montre si nos exportations couvrent nos importations s’est inversé, passant à 62%. Le niveau des importations a baissé de 9,62% par rapport à 2015, s’établissant à 46,7 milliards de dollars en 2016. Mais en même temps, les exportations ont reculé de 16,69% par rapport à l’année d’avant, soit 28,8 milliards de dollars. D’où l’inquiétude des pouvoirs publics sur cette nouvelle tendance du commerce extérieur, dont il faudra prendre des mesures conservatoires pour éviter des effets pervers, surtout sur le niveau des réserves de change. Plusieurs facteurs ont milité en faveur de ce niveau élevé des importations. On peut citer le démantèlement tarifaire opéré depuis le début des années 2000 avec la signature de l’Accord d’association avec l’Union européenne et l’adhésion à la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), mais également il y a l’allégement du contrôle des changes décidé conformément aux recommandations du FMI. Aussi, tout importateur qui respecte les règles de domiciliation bancaire peut financer en devise sa transaction commerciale quelle que soit la nature de la marchandise importée. Le résultat est connu : des produits de toutes sortes sur nos marchés, dont certains sont de qualité douteuse, voire de contrefaçon. - La politique des licences et des quotas instaurée par le gouvernement est-elle efficace pour compresser réellement les importations ? Les licences d’importation ont été instaurées en 2016 pour justement juguler le niveau des importations et en même temps protéger la production nationale de la concurrence déloyale. Comme il s’agit d’une mesure administrative, sa portée reste limitée, d’autant plus que seuls trois produits ont été ciblés : l’automobile, le rond à béton et le ciment. Aussi, pour cette année, il faut s’attendre à un durcissement pour l’octroi des licences d’importation sur le double plan des quantités et du nombre d’opérateurs à qualifier, d’une part, et l’élargissement vers d’autres produits, d’autre part. L’inconvénient de ce type de dispositif est la réciprocité qui pourrait être exigée par les partenaires commerciaux de l’Algérie dès lors que notre pays cherche également à promouvoir des exportations hors hydrocarbures. - Dans quelles proportions les pratiques de surfacturation participent-elles à gonfler les importations ? De nombreuses opérations d’importation sont réalisées juste pour pouvoir transférer des devises le plus normalement du monde par le canal bancaire grâce à la domiciliation bancaire qui n’est en réalité qu’une autorisation de change. La surfacturation aidant, il y a fuite de capitaux vers l’étranger. Il existe aussi des marchandises qui sont importées, mais qui n’ont aucune utilité ni pour le consommateur algérien ni pour l’entreprise, mais pour engager uniquement le processus de paiement avec l’étranger. Ce phénomène est difficile à cerner car cela nécessite une coordination entre tous les acteurs de la chaîne du commerce extérieur. - Dans quelle mesure peut-on effectivement réduire les importations, sachant que la production nationale est loin de suffire à satisfaire la demande domestique ? La réduction des importations nécessite une connaissance fine des besoins des consommateurs algériens (biens alimentaires et biens de consommation non alimentaires), ainsi que de l’outil de production (inputs et biens d’équipements), qui reste très dépendant des approvisionnements de l’étranger. D’où la nécessité d’une politique sectorielle pour mieux définir les priorités et effectuer des arbitrages. A partir de là, réguler le financement en devise en fonction des réels besoins de l’économie nationale. A moyen terme, la diversification de la production nationale ainsi que la création d’un grand nombre possible d’entreprises (TPE et PME) sont incontournables. La densification du tissu industriel, la dynamisation du secteur agricole, mieux cerner la balance des services et promouvoir les exportations hors hydrocarbures, tout cela peut constituer une démarche sûre allant dans le sens d’une maîtrise du solde commercial extérieur.Akli Rezouali  


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