الثلاثاء، 14 فبراير 2017

Élections législatives : neutraliser une partie de l’opposition et exclure l’autre partie

Le 4 mai prochain, les Algériens seront appelés à élire les 462 députés qui composent l’Assemblée populaire nationale (APN). Si ce rendez-vous électoral suscite des tractations et des repositionnements au sein de la classe politique, notamment parmi des formations islamistes qui tentent d’unifier leurs rangs pour briguer des sièges, les...

Le 4 mai prochain, les Algériens seront appelés à élire les 462 députés qui composent l’Assemblée populaire nationale (APN). Si ce rendez-vous électoral suscite des tractations et des repositionnements au sein de la classe politique, notamment parmi des formations islamistes qui tentent d’unifier leurs rangs pour briguer des sièges, les législatives sont loin d’intéresser l’électorat.

En 2012, les formations au pouvoir ont remporté ces élections, le FLN arrivant en tête avec 220 sièges tandis que le RND, deuxième parti, raflait 68 sièges. Ces élections étaient marquées par un fort taux d’abstention (autour de 57%) et entachées de fraudes importantes de nature à remettre en cause leur crédibilité. En effet, la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSL) avait répertorié 150 plaintes et soupçons de fraude, dont certaines visaient deux ministres en exercice.

La prévisibilité des résultats électoraux avec une victoire certaine des deux partis fermement installés au pouvoir, l’émiettement partisan, l’absence de crédibilité d’une large partie de l’opposition et la cooptation de l’autre partie tendent à montrer que l’enjeu électoral est moins une nouvelle composition de l’Assemblée qu’un moyen d’intégration à la coalition dirigeante de nouveaux acteurs opposants et d’exclusion des autres.

L’adoption de la procédure électorale et l’adhésion formelle à la norme dite démocratique sont l’expression de la mutation de l’autoritarisme et non d’un changement profond du système politique. L’histoire politique de l’Algérie et l’analyse attentive des séquences électorales montrent que la survie des clans, des réseaux et du clientélisme prime sur une représentation réelle du peuple algérien.

Habillage démocratique

La finalité de l’élection est donc de neutraliser une partie de l’opposition en l’intégrant à la logique du régime et exclure l’autre partie potentiellement concurrentielle en isolant et manipulant les résultats électoraux. Ainsi, dans un système où la réalité du pouvoir est en dehors des institutions, l’élection ne vise pas à un changement de pouvoir mais plutôt une redéfinition des équilibres au sein du pouvoir : plutôt que d’incarner les différents courants qui traversent la société, le système partisan n’est qu’un relais du pouvoir, en connivence avec le régime et déconnecté de ses bases électorales.

Dans son analyse des partis politiques en Algérie, le sociologue algérien Lahouari Addi note : « Le régime algérien, s’identifiant à l’État, n’attend pas des partis qu’ils entrent en compétition pour assurer le pouvoir au nom de la légitimité électorale. Il attend d’eux qu’ils représentent la population dans les institutions en exprimant leurs demandes dans le respect des logiques dominantes du régime. L’électorat n’est pas le corps souverain, c’est seulement un protagoniste du système dont il faudra intégrer les demandes sociales (emplois, logement, santé…) afin de les satisfaire autant que possible. Les partis doivent ajuster ces demandes sociales aux capacités de l’État, et jouer un rôle syndical ».

Reproduction du système

Une réflexion développée par l’universitaire Louisa Driss Aït Hamadouche qui, tout en revenant sur l’opacité d’un système dans lequel le processus décisionnel n’est pas uniquement l’apanage des acteurs institutionnels mais relève d’acteurs infra étatiques et de groupes d’intérêt, toute la logique du système est de « prévenir les ruptures ». Selon elle, le maintien et la reproduction du système supposent « d’empêcher que la mobilisation sociale puisse déboucher sur la mobilisation politique » y compris par la violence lorsque les partis n’assument plus cette fonction de courroie de transmission.

Lors des élections législatives de décembre 1991, alors même que le Front islamique du Salut (FIS) tenait sa légitimité des urnes, c’est la logique du régime qui s’impose par la violence. Le coup d’État de 1992 est un exemple frappant du refus de toute compétition réelle dans l’accès au pouvoir. Quand bien même le FIS n’incarnait pas une force en rupture avec les fondements idéologiques du système politique, il fut combattu pour son rôle central dans la contestation du pouvoir dont il cherchait à s’emparer.

Si avec l’accession d’Abdelaziz Bouteflka à la présidence, la stratégie du compromis et de la cooptation est mise en avant, les partis ne doivent, pour autant, pas incarner une organisation autonome véhiculant des demandes sociales et représentant l’intérêt général. Ils doivent rester subordonnés à l’État, moyennant un accès à la rente et assumer des fonctions de légitimation de l’administration et, à travers elle, des groupes d’intérêt privés qui squattent les administrations publiques et organisent le parasitage.

Ces groupes d’intérêts privés, qui ont des relais dans les appareils partisans et sécuritaires, dans les médias et la vie politique profitent largement de l’accès à la rente. Les crises politiques successives et les contestations nous informent que l’habillage démocratique du système politique ne peut faire illusion durablement.

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